Etretat état d'être

A la pointe de l’aube, sur un coup de tête, je prends la route pour Etretat, mue par l’urgence de me retrouver en prise directe avec le ciel, la terre, la mer et le temps.
Je me sens tellement à ma place face à ce temps géologique sculpté dans la falaise. La petite église là-haut rappelle le vivant de l’homme, le banc solitaire qui surplombe la baie, le temps d’un homme, l’océan le métronome, le ciel l’éternel instantané.
Ici, tout me parle : la violence des ruptures, le message des fissures, la force des soulèvements, l’érosion perpétuelle du roulis bruyant des vagues léchant les galets et sculptant inlassablement le millefeuille des sédiments, silex durs et tendre craie. Les contraires se côtoient dans l’imposante silhouette des géants et leur fragilité.
Un livre à ciel ouvert s’offre à moi. C’est comme si tenter d’en décrypter quelque chose ou d’en absorber les ondes me permettait de recharger mes énergies et d’apaiser la tempête des sentiments.